Vers Martigues par les canaux

Il commençait à faire beau, nous avions hâte de naviguer mais la mer était un peu trop forte.

Pourquoi alors ne pas naviguer par les canaux et visiter une ville telle Martigues dont on nous avait dit le plus grand bien ?

Nous répondons à cette question en affichant le site Fluviacap sur l’ordinateur pour connaître la distance et d’éventuelles contraintes liées aux passages des écluses.

Le site nous indique la distance entre Aigues-Mortes et Port-Saint-Louis-du-Rhône, porte d’entrée du Golfe de Fos :87 km, deux écluses et un temps de navigation estimé d’environ 8 h.

Cela tombe bien, nous ne sommes pas pressés, néanmoins les journées sont encore courtes et nous décidons de voyager en deux étapes car Martigues est encore assez éloigné de Port Saint Louis.

Tout d’abord Aigues-Mortes jusqu’au Port de Plaisance de Saint Gervais situé au fond du golfe de Fos puis le lendemain Martigues.

Comme à l’habitude nous téléphonons préalablement aux éclusiers de Saint-Gilles et de Port Saint Louis pour nous assurer du bon fonctionnement des écluses et des horaires de passage, et pour faire bonne mesure nous appelons aussi la capitainerie de Port Saint Gervais pour réserver une place.

Nous affichons sur le pare-brise la vignette VNF car forcément l’éclusier va contrôler sa présence et sa validité. Nous avons bardé notre bateau de pares-battages disposés en alternance horizontalement et verticalement, mis les gilets à portée de main pour passer les écluses et au moins deux amarres assez longues pour attacher le bateau par la proue et la poupe lors du passage de l’écluse de Saint-Gilles.

Nous sommes maintenant opérationnels et partons dans notre petit Merry-Fisher 755 pour l’aventure.

Le voyage débute par la remontée du canal du Rhône à Sète tout à fait tranquillement dans une jolie lumière rasante. Nous essayons de ne pas créer de remous pour ne pas endommager les berges et ne pas secouer les plaisanciers en escale à Gallician puis nous bifurquons pour naviguer sur le petit Rhône. Il est encombré de troncs d’arbres et autres débris mais la navigation est facile. Nous suivons les indications de la signalisation fluviale et nous arrivons à l’écluse de Saint-Gilles.

Appel de l’éclusier à la VHF, il nous indique de quel côté amarrer le bateau, vient vérifier la vignette, regarde nos gilets puis il ferme la première porte de l’écluse. Nous attachons l’avant et l’arrière du bateau à des anneaux coulissants qui montent ou descendent au gré des sassées.

Nous voilà prêts et tout curieux car l’équipage de Corail (nom de notre bateau), deux personnes, n’a pas l’habitude de passer des écluses et le capitaine se souvient du passage dans une écluse à Dunkerque, qui accueillait des pétroliers. La force de l’eau à l’ouverture de la porte était telle que l’équipage, de deux personnes également, avait eu beaucoup de mal à maintenir le bateau contre la paroi, ayant oublié d’attacher l’avant face à la masse de l’eau qui arrivait en bouillonnant.

Cuisant incident qui fit bien rire les marins d’un pétrolier qui nous écrasait de sa masse dans l’écluse.

Rien de tel à Saint-Gilles, écluse à taille humaine et facile.

Nous reprenons le périple et abordons le grand Rhône, le chenal est balisé par des ducs d’Albe qui garantissent la sécurité de la navigation, le courant nous emporte et notre vitesse augmente très sensiblement. Arles défile sous nos yeux, nous croisons quelques bateaux mais la navigation est très tranquille. Les berges sont bordées d’arbres et nous constatons la largeur du Rhône qui nous étonne.

Nous ne savions pas qu’il était aussi large.

La lumière du jour commence à faiblir, nous faiblissons aussi, la fatigue nous gagne quand ma femme m’alerte en me montrant un Canadair préparant son amerrissage sur notre trajectoire et me dit : « Mais il ne nous a pas vus ! » Et moi de lui répondre « Mais si bien sûr !» En fait il ne nous avait pas vus et remonte brusquement pour nous survoler et amerrir derrière nous.

Quelques minutes plus tard nous le voyons nous doubler et décoller quelques centaines de mètres au-devant de nous.

Voilà une petite émotion qui nous recentre sur la navigation.

Nous apercevons au loin des embarcations qui se croisent sur le fleuve, c’est le bac du Barcarin. Nous calculons le bon moment pour passer car les bacs qui se croisent en son milieu sont rapides.

Bac du barcarin

Nous avons maintenant envie d’arriver à l’écluse de Port Saint Louis.

Nous y sommes maintenant et surprise, le niveau du Rhône est plus haut que celui de la mer et au lieu de monter comme nous nous y attendions notre bateau descend légèrement d’une trentaine de centimètres.

Nous passons devant Port Saint Louis, le site est bien aménagé pour les plaisanciers, la capitainerie a tout le confort nécessaire et nous y avons de bons souvenirs. La ville n’est pas folichonne mais la municipalité fait le maximum pour la rendre attrayante avec les moyens du bord.

Cap sur le port de Saint Gervais pour une nuit réparatrice.

Nous levons l’ancre vers 9 h et nous dirigeons vers le chenal de Caronte qui relie Fos à l’étang de Berre.

Pas de difficultés si on reste dans les limites du chenal balisé qui est dragué à 10 mètres.

Voilà Martigues, on amarre où on nous a dit d’amarrer. Personne pour nous accueillir ni nous faire payer une place de port, le préposé à l’encaissement ne viendra pas encaisser malgré nos très nombreux efforts pour régler notre place.

Martigues2

Pied à terre et direction le centre-ville.

Martigues a beaucoup de charme, un air de Venise à petite échelle, nous prenons beaucoup de plaisir à visiter et regarder les jolies maisons toutes colorées.

Le temps passe vite et après avoir beaucoup flâné nous passons une nuit dans le bateau.

Il y fait froid mais nous nous accrochons et passons une deuxième nuit puis  nous décidons de rentrer le lendemain. La mer s’est assagie et nous optons pour un retour maritime.

Le paysage défile vite à quinze nœuds car nous voulons rentrer à Aigues-Mortes dès le soir.

Nous avons beaucoup apprécié notre escapade hivernale et en prévoyons déjà une seconde vers les Embiez, l’ile emblématique de M. Ricard.